Les problèmes de santé ce n’est pas seulement l’obésité. Sur les 4 millions d’individus qui décèdent chaque année dans le monde, attribués à un excès de graisse corporelle, près de 40% des victimes sont juste en surpoids, pas obèses (1). D’après deux études majeures de Harvard, le gain de poids d’à peine 5kg entre le début de l’âge adulte et 40 ans augmente le risque de maladies chroniques majeures comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer. D’autre part, même une perte de poids modeste peut avoir des bénéfices majeurs sur la santé (2). Quel est donc l’IMC optimal ? Les études les plus complètes partout dans le monde ont trouvé qu’un indice de masse corporelle (IMC) normal entre 20 et 25, est associé avec la meilleure longévité (1-3). D’après l’ensemble des meilleures études, avec les périodes de suivi plus longues, cela peut être affiné un peu plus avec un IMC entre 20 et 22 (voir tableau unisexe ci-dessous pour voir les correspondances) (4).
Taille (cm) | Poids (kg) |
---|---|
145 | 42-46 |
147 | 44-48 |
150 | 45-50 |
152 | 46-51 |
155 | 48-53 |
157 | 49-54 |
160 | 51-56 |
163 | 53-58 |
165 | 54-60 |
168 | 58-62 |
170 | 58-64 |
173 | 60-66 |
175 | 61-67 |
178 | 63-70 |
180 | 65-71 |
183 | 67-74 |
185 | 68-75 |
188 | 71-78 |
191 | 73-80 |
193 | 75-82 |
Et même avec un IMC normal, le risque de développer des maladies chroniques comme le diabète de type 2, les maladies cardiaques, et plusieurs types de cancer, commence à augmenter avec l’IMC dès que celui passe les 21. Un IMC de 18,5 et 24,5 sont considérés comme étant la fourchette normale, mais à 24.5, le risque de maladie cardiaque est double de celui d’une personne ayant un IMC de 18,5 (fig. 2)(5). Il existe donc des variations dans la gamme normale d’IMC et aussi de grosses différences dans la zone d’obésité. L’obésité de classe 3, avec IMC supérieur à 40 est associée avec la perte de 10ans d’espérance de vie ou plus. Pour un IMC supérieur à 45, une personne de 167cm avec un poids de 127kg, son espérance de vie rejoint celle d’un fumeur (6). Il existe tout de même des sceptiques sur l’obésité qui disent que les conséquences de santé de l’obésité ne sont pas claires ou exagérées. Ils forment un groupe hétéroclite comprenant aussi bien des féministes, théoriciens bizarres, des new-ages, que des groupes d’extrême-droite, pro-armes, nationalistes pour lesquels les alarmistes sur l’obésité sont des communistes prônant l’état providence qui veulent juste qu’on ne puisse plus s’amuser (7).
Est-il possible d’être en surpoids ou obèse et en forme ? Dans une étude sur plus de 600 centenaires, seulement 1% des femmes et pas un seul homme était obèse (8). Néanmoins, il existe une exception, un groupe rarissime d’individus obèses qui n’ont pas à subir les coûts métaboliques typiques comme l’hypertension ou le cholestérol. Cela illustre la possibilité d’une condition telle qu’une obésité bénigne ou d’une obésité de bonne santé (9). Mais ce n’est qu’une question de temps avant que les facteurs de risque apparaissent (10). Et même s’ils ne le font pas, s’ils sont suivis assez longtemps, même les individus obèses en bonne santé métabolique sont à risque plus élevé pour le diabète et la maladie du foie gras (11-12). Mais également de morts prématurés, d’AVC, maladies cardiovasculaires… (9-10). Il y a donc des preuves convaincantes que l’obésité de bonne santé est un mythe (13).
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- Fontana L, Hu FB. Optimal body weight for health and longevity: bridging basic, clinical, and population research. Aging Cell. 2014;13(3):391-400.
- Kitahara CM, Flint AJ, Berrington de Gonzalez A, et al. Association between class III obesity (BMI of 40-59 kg/m2) and mortality: a pooled analysis of 20 prospective studies. PLoS Med. 2014;11(7):e1001673.
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- Santos-Lozano A, Pareja-Galeano H, Fuku N, et al. Implications of obesity in exceptional longevity. Ann Transl Med. 2016;4(20):416.
- Kramer CK, Zinman B, Retnakaran R. Are metabolically healthy overweight and obesity benign conditions? A systematic review and meta-analysis. Ann Intern Med. 2013;159(11):758-69.
- Appleton SL, Seaborn CJ, Visvanathan R, et al. Diabetes and cardiovascular disease outcomes in the metabolically healthy obese phenotype: a cohort study. Diabetes Care. 2013;36(8):2388-94.
- Bell JA, Kivimaki M, Hamer M. Metabolically healthy obesity and risk of incident type 2 diabetes: a meta-analysis of prospective cohort studies. Obes Rev. 2014;15(6):504-15.
- Chang Y, Jung HS, Cho J, et al. Metabolically healthy obesity and the development of nonalcoholic fatty liver disease. Am J Gastroenterol. 2016;111(8):1133-40.
- Hill JO, Wyatt HR. The myth of healthy obesity. Ann Intern Med. 2013;159(11):789-90.